LA PAROISSE DE CHEVAL RIGON

Au croisement des anciens chemins du Mayet de Montagne à Châteldon et de Ferrières sur Sichon à Cusset, par la Croix du Bois, les Michaudes et le rez de la Cource, près de Glozel, à proximité de cette immense demeure féodale que fut Montgilbert, se trouve le petit bourg de Cheval Rigon, siège aujourd’hui déchu d’une des plus anciennes paroisses de la Montagne Bourbonnaise.

Cette paroisse en la terre et justice de Montgilbert, dépendait de la Châtellenie de Billy.

Elle s’étendait sur une partie de l’actuel territoire des communes de Ferrières, d’Arronnes et de Lachaux. La division en départements des provinces d’Auvergne et du Bourbonnais, l’amputation qu’on lui fit de sa partie auvergnate, la démantela et elle fut réunie à Ferrières en 1802. En 1686, Florent d’Argouges (Procès-verbal de la Généralité de Moulins) comptait 28 feux pour la collecte des deniers royaux. Un notaire y avait sa résidence et les actes de ce dernier y dénombraient un chirurgien, des bourgeois, marchands et artisans.

La cure dépendait de l’abbaye de Cluny. Selon Nicolas de Nicolay, elle donnait un revenu annuel de 60 livres. Elle était à la présentation du prieur de Ris, en Auvergne, comme celles de Ferrières et de Molles. Les archives de Clermont font état de l’église de paroisse « Saint-Maïoli Equi Rigonis » taxée, en 1535, du don gratuit de 7 livres, 2 sols et 6 deniers. Le titulaire de l’église, nous le voyons, était Saint Mayeul, abbé de Cluny, mort à Souvigny en 994.

Les membres d’un établissement religieux au village de la Moussière auraient desservi l’église de paroisse jusqu’en 1792.

Jean-Baptiste Désessats fut le dernier curé de Cheval Rigon, il fut arrêté sur l’ordre du comité révolutionnaire de Cusset sous l’inculpation de fanatisme et d’aristocratie. Il fut transporté en rade de l’île d’Aix, il mourut le 27 juillet 1794, à 60 ans, sur les pontons, des Deux Associés. Il est enterré à l’île d’Aix avec Louis Depons, ancien curé de Châtel-Montagne, et Pierre David qui avait été curé de Molles.

L’église de Cheval Rigon était un sanctuaire roman du 12ème siècle, contemporain, sans doute, de l’ancienne église que l’on cite dans une bulle de 1152. Il comportait une seule nef avec une abside en hémicycle épaulée par des massifs contreforts. Au nord de l’abside se trouvait une chapelle de forme carrée servant de sacristie. Un clocher existait à l’origine, au-dessus du porche ; on y accédait de l’extérieur. La suppression de ce clocher date vraisemblablement du XVIIème siècle car, dès 1728, son mauvais état était mentionné dans des procès-verbaux dressés à la requête de la famille de Saulx-Tavannes qui possédait Montgilbert, le curé d’alors ne voulant pas, disait-il, célébrer les messes de fondation de crainte d’exposer d’autres prêtres sous les ruines de son église.

On supprima porche et clocher, la nef fut détruite en totalité puis refaite et l’on construisit à l’emplacement du porche un bâtiment actuellement à usage de remise ou de bûcher mais qui était le presbytère.

On pratiqua pour la nouvelle entrée une ouverture latérale. Nous ne savons pas, par contre, quelle affectation l’on donna aux anciennes cloches. L’une d’elle fut conservée et fixée aux branches d’un ormeau qui tenait lieu aussi de beffroi. Au siècle dernier, on éleva une niche au-dessus de la nouvelle porte d’entrée, où l’on plaça l’ancienne cloche refondue. Elle fut bénite en 1891 et porte l’inscription « Vox ego fidelis et laeta matris nostrae Ferrariensis eccl, » (Je suis la voix fidèle et joyeuse de notre mère à tous l’église de Ferrières).

A l’intérieur de la nef, face au maître-autel il y avait une pierre tombale gravée d’une croix. Nous pensons qu’elle pourrait être celle de Jean de Saulx-Tavannes. Le cimetière entourait l’église.

L’église est propriété privée. Elle fut adjugée très certainement lors de la vente des biens nationaux, mais le procès-verbal n’a pas été retrouvé. Le presbytère et le cimetière furent vendus au prix de 1 000 livres, le 26 frimaire an III, à Nicolas Mure.